Cette nuit là, le temps était à l’orage, la pluie tombait battante et la foudre illuminait par moment le ciel au dessus de cette modeste demeure. Elle se trouvait à l’écart du village, a l’orée du bois local. De l’extérieur certains auraient pu penser qu’elle était inhabitée si de la fumée ne s’échappait pas de sa cheminée et si une faible lueur n’était pas visible à travers les carreaux.
Cette habitation était éclairée par une seule bougie vacillante. Elle était posée sur l’unique table, autour de laquelle se tenaient deux personnes. Sur cette dernière se trouvaient divers grimoires, ustensiles, pierres, os, plantes ou tasses vides. Au sol s’entassaient parchemins et poussière. Les murs était couverts de bibliothèques, de nombreux livres et sur toute la face nord, des cages contenant divers animaux. Dans un coin de la pièce trônait la cuisine avec son lot de chaudron et à son opposée une couche.
Des râles résonnèrent alors tandis que d’étranges pierres tombaient sur un linge blanc étendu sur l’espace libre de la table. Sur chacune de ces pierres figurait un symbole, un symbole ancien dont le sens échappe à beaucoup.
- Alors que vois-tu Syclia ? Que disent les runes ?
La femme du nom de Syclia regardait les pierres intriguée se grattant le menton.
- Mère… Je vois la guerre, la maladie, le voyage... cela n’a pas de sens. Pourquoi n’a-t-on pas d’indication de direction ?
- Les signes sont parfois mal interprétés… il nous faut trouver leur sens caché.
- Les feuilles de thé semblent pourtant indiquer la même chose. Le chaos, la mort…
La plus âgée des deux se dirige alors vers une des étagères et en sort plusieurs cartes.
- Je vais essayer de lire les cartes à nouveau…
- Je débarrasse la table…
Syclia récupéra les runes et les plaça dans une sacoche qu’elle avait à la ceinture, y plaçant le linge blanc également. Elle déplaça les grimoires anciens pour libérer suffisamment de place. La vieille dame vint s’installer face à sa fille, mélangeant ses cartes*
- Syclia, tu vas devoir poser la question à nouveau pour que les cartes puissent y répondre.
- Oui mère… esprits donnez moi la réponse, indiquez moi ce que je veux savoir, hottez la brume qui nous sépare de cette vérité. Sur quelle terre se trouve le plus grand des pouvoirs, celui qui fera de moi une sorcière accomplie, où dois-je poursuivre mon initiation, pour maitriser le don qui fera de moi le digne successeur de ma famille.
La vieille femme tira alors les cartes plaçant tout d’abord la première tirée, l’empereur, sur la gauche, retournant délicatement la seconde carte, l’ermite se retrouva sur la droite. Elle fit alors une pause, regardant les deux premiers tirages avant de placer la troisième carte, le jugement. La quatrième carte tirée placée au dessous représente le mat. La dernière carte retournée est placée au centre… la carte sans nom.
Immédiatement après avoir fini de placer les cartes, la vieille femme tape du poing sur la table.
- Par les neufs enfers encore cette fichue réponse !!!
- Mère calmez vous… tentons à nouveau d’interpréter les signes. La puissance terrestre ou la volonté, la prudence, le rajeunissement ou la renaissance, le voyage et tout cela tourne autour de la mort. Les runes annoncent des guerres, le thé le chaos et la mort.
Syclia reste pensive observant les signes tandis que sa mère dépitée, semble tourner en rond observant les animaux en cage.
- La puissance terrestre peut représenter un dirigeant, l’ermite prévient d’un danger, qu’il faudra faire preuve de prudence. Mais actuellement il y a une renaissance. Le voyage est impératif pour atteindre le but mais cela mènera vers la mort.
La vieille femme hocha la tête, à ces dires, semblant réfléchir et fouiller dans sa mémoire. Après de longues minutes, tandis que Syclia se tenait la tête entre les mains, la vieille femme prit la parole.
- Ma fille, j’ai peut être une piste, il y a un royaume qui est tombé et qui tente de renaitre sous la direction d’un nouvel empereur, empereur représenté selon certaines cultures comme la puissance terrestre. Il se raconte que ces terres sont dangereuses car la mort et la maladie y règne. C’est une terre lointaine qui nécessiterai de prendre le large... l’Aabarie… mais… ce pays est le siège de grandes forces mystiques mais la magie y est mal vue.
- Si de grandes forces mystiques s’y trouvent, peut être pourrai je en apprendre plus sur elles et apprendre à les maitriser… qu’est ce qui vous inquiète mère ?
- Ce voyage serait trop risqué même pour une Wefner. Il y a trop de danger et d’inconnues. Le tarot l’a dit la mort est présente !
- Mère les signes ont parlés, je dois les suivre et m’y rendre pour accomplir ma destinée. Demandons confirmation, posons une autre question, je me plierai à la réponse.
Hésitant quelques instants, la vieille femme se dirigea vers les cages d’animaux, en sortant un lapin d’un blanc immaculé qu’elle se mit à caresser avec tendresse.
- Tu as raison ma fille, si nous avons confirmation je ne saurais t’empêcher de suivre ta destinée.
S’approchant de la table elle le déposa doucement dessus, puis cherchant derrière elle, elle se retourna avec une lame finement sculptée. D’un geste rapide, elle retourna le lapin et lui ouvrit le ventre d’un unique et précis coup de couteau. Le sang encore chaud coulant, elle ouvrit le lapin sortant les boyaux, les examinant avec grande attention, aucun sourire n’illumina son visage puis elle les tendit à sa fille.
- Les signes sont clairs mère, Vous ne pouvez pas le nier… c’est de bonne augure, la réponse est claire, je dois entreprendre ce voyage.
- Si telle est ta destinée ma fille, je te prépare tes bagages et ce qui saurait t’être utile. Prend mon jeu de tarot et les runes, si tu es dans le doute ils pourront te guider. N’oublie pas d’écouter et d’observer les signes à tout moment. Luna t’accompagnera. Ne faites confiance à personne, ouvrez les yeux et veillez sur vous mutuellement.
Le lendemain de cette divination, Syclia pris la route pour le port, direction l’Aabarie. Là bas elle trouverait sa destinée, les signes avaient parlés.